chitay-knigi.com » Историческая проза » Жизнь Шарлотты Бронте - Элизабет Гаскелл

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Ты осудишь меня за краткость и скуку этого письма. Есть тысячи вещей, которые я хотела бы тебе рассказать, но у меня не хватает времени. Брюссель – красивый город. Бельгийцы ненавидят англичан. Их внешние правила поведения – более строгие, чем наши. Шнуровать корсет и при этом не носить шейный платок считается тут крайне неприличным.

Фрагмент этого письма, где мсье Эже представлен как учитель, запретивший своим ученицам пользоваться словарем и грамматикой, относится, надо полагать, к упомянутому выше времени, когда он решил попробовать новый метод обучения французскому языку: ученицы должны были ухватывать дух и ритм текста на слух, чтобы сразу усвоить его благородный тон, а не корпеть над грамматическими правилами. Этот эксперимент представляется мне весьма смелым со стороны учителя, однако мсье Эже, без сомнения, знал, что делает. Результаты хорошо видны в сочинении – одном из Шарлоттиных «devoirs»155, написанных в то время. Мне хотелось бы в качестве иллюстрации подобного подхода сначала вернуться к моему разговору с мсье Эже о том, как он пытался сформировать определенный стиль письма у своих учениц, а затем в доказательство успешности метода я приведу этот «devoir» Шарлотты с пометками учителя.

Мсье Эже рассказывал, что однажды летом (сестры Бронте занимались под его руководством уже четыре месяца) он прочитал им знаменитый литературный портрет Мирабо, сделанный Виктором Гюго156; «mais, dans ma leçon je me bornais à ce qui concerne Mirabeau Orateur. C’est après l’analyse de ce morçeau, considéré surtout du point de vue du fond, de la disposition, de ce qu’on pourrait appeler la charpente qu’ont été faits les deux portraits que je vous donne»157. Затем мсье Эже пишет, что указал ученицам на погрешность в стиле Гюго – постоянные преувеличения, а также на то, что его выражения отличаются красотой «нюансов». После этого учитель дал ученицам задание – написать подобные же литературные портреты. Выбор темы мсье Эже оставил им самим. «Очень важно, – замечал он, – прежде чем садиться писать сочинение, как следует обдумать и прочувствовать его тему. Я не могу предсказать, какой предмет вызовет отклик в ваших сердцах и умах. Это вы должны решить сами». В оригинале приводимого ниже текста мсье Эже писал свои замечания на полях. Я выделила слова Шарлотты, для которых учитель подобрал более удачные выражения, а его заметки поместила в скобки.

IMITATION

Le 31 Juillet 1842

PORTRAIT DE PIERRE L’HERMITE158 CHARLOTTE BRONTË

De temps en temps, il paraît sur la terre des hommes destinés à être les instruments [prédestinés] de grands changements, moraux ou politiques. Quelquefois c’est un conquérant, un Alexandre ou un Attila, qui passe comme un ouragan, et purifie l’atmosphère moral, comme l’orage purifie l’atmosphère physique; quelquefois, c’est un révolutionnaire, un Cromwell, ou un Robespierre, qui fait expier par un roi les vices de toute une dynastie; quelquefois c’est un enthousiaste réligieux comme Mahomet, ou Pierre l’Ermite, qui, avec le seul levier de la pensée soulève des nations entières, les déracine et les transplante dans des climats nouveaux, peuplant l’Asie avec les habitants de l’Europe. Pierre l’Ermite était gentilhomme de Picardie, en France, pourquoi donc n’a-t-il passé sa vie comme les autres gentilhommes ses contemporains ont passé la leur, à table, à la chasse, dans son lit, sans s’inquiéter de Saladin, ou de ses Sarrasins? N’est-ce pas, parce qu’il y a dans certaines natures, une ardeur [un foyer d’activité] indomptable qui ne leur permet pas de rester inactives, qui les force à se remuer afin d’exercer les facultés puissantes, qui même en dormant sont prêtes comme Sampson à briser les nœuds qui les retiennent?

Pierre prit la profession des armes; si son ardeur avait été de cette espèce [si il n’avait eu que cette ardeur vulgaire] qui provient d’une robuste santé il aurait [c’eût] été un brave militaire, et rien de plus; mais son ardeur était celle de l’âme, sa flamme était pure et elle s’élevait vers le ciel.

Sans doute [Il est vrai que] la jeunesse de Pierre, était [fut] troublée par passions orageuses; les natures puissantes sont extrèmes en tout, elles ne connaissent la tiédeur ni dans le bien, ni dans le mal; Pierre donc chercha d’abord avidement la gloire qui se flétrit, et les plaisirs qui trompent, mais il fit bientôt la découverte [bientôt il s’aperçut] que ce qu’il poursuivait n’était qu’ une illusion à laquelle il ne pourrait jamais atteindre; il retourna donc sur ses pas, il recommença le voyage de la vie, mais cette fois il évita le chemin spacieux qui mene à la perdition et il prit le chemin étroit qui mene à la vie; puisque [comme] le trajet était long et difficile il jeta la casque et les armes du soldat, et se vêtit de l’habit simple du moine. A la vie militaire succéda la vie monastique, car, les extrêmes se touchent et chez l’homme sincère la sincérité du repentir amène [nécessairement à la suite] avec lui la rigueur de la pénitence. [Voilà donc Pierre devena moine!]

Mais Pierre [il] avait en lui un principe qui l’empéchait de rester longtemps inactif, ses idées, sur quel sujet qu’il soit [que ce fût] ne pouvaient pas être bornées; il ne lui suffisait pas que lui-même fût religieux, que lui-même fût convaincu de la réalité de Christianisme (sic) il fallait que toute l’Europe que toute l’Asie partageât sa conviction et professât la croyance de la Croix. La Piété [fervente] élevée par le Génie, nourrie par la Solitude fit natre une éspèce d’inspiration [exalta son âme jusqu’à l’inspiration] dans son ame, et lorsqu’il quitta sa cellule et reparut dans le monde, il portrait comme Moïse l’empreinte de la Divinité sur son front, et tout [tous] réconnurent en lui le veritable apôtre de la Croix.

Mahomet n’avait jamais rémué les molles nations de l’Orient comme alors Pièrre remua les peuples austères de l’Occident; il fallait que cette éloquence fût d’une force presque miraculeuse qui pouvait [puisque’elle] persuader [ait] aux rois de vendre leurs royaumes afin de procurer [pour avoir] des armes et des soldats pour aider [à offrir] a Pierre dans la guerre sainte qu’il voulait livrer aux infidèles. La puissance de Pierre [l’Ermite] n’était nullement une puissance physique, car la nature, ou pour mieux dire, Dieu est impartial dans la distribution de ses dons; il accorde à l’un de ses enfants la grâce, la beauté, les perfections corporelles, à l’autre l’esprit, la grandeur morale. Pierre donc était un homme, petit d’une physionomie peu agréable; mais il avait ce courage, cette constance, cet enthousiasme, cette energie de sentiment qui écrase toute opposition, et qui fait que la volonté d’un seul homme devient la loi de toute une nation. Pour se former une juste idée de l’influence qu’exerça cet homme sur les caractères [choses] et les idées de son temps il faut se le représenter au milieu de l’armée des croisées, dans son double rôle de prophète et de guerrier; le pauvre ermite vêtu du pauvre [de l’humble] habit gris est la plus puissant qu’un roi; il est entouré d’une [de la] multitude [avide] une multitude qui ne voit que lui, tandis que lui, il ne voit que le ciel; ses yeux levés semblent dire «Je vois Dieu et les anges, et j’ai perdu de vue la terre!»

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