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Il faut citer avant tout la monographie de l’historienne T. Fadeeva intitulée La stratégie du réformisme bourgeois en France contemporaine (1975). L’auteur est la première, dans l’historiographie soviétique, à étudier à côté des autres partis bourgeois français, la base sociale et le programme du RPF. T. Fadeeva le considère comme «une formation bourgeoise nouvelle». En même temps elle précise que «l’Association capital-travail» du RPF et «l’apologie de l’État moderne» sont devenues «un nouveau trait très important qui élargit les cadres des conceptions bourgeoises traditionnelles»[631]. T. Fadeeva est la première à attirer l’attention sur la critique par de Gaulle du «capitalisme contemporain» que le président du RPF essayait d’«améliorer» au moyen de «l’Association capital-travail». L’auteur indique que «selon les directives du RPF qui s’appuyaient sur les discours de De Gaulle «l’association» était l’unique décision permettant de se désolidariser en même temps d’avec le capitalisme traditionnel avec sa lutte de classe que d’avec «le collectivisme de type soviétique»»[632].
Il existe, à l’époque, dans l’historiographie soviétique une autre conception du gaullisme qu’une partie des chercheurs soviétiques considère comme l’idéologie du capital monopoliste d’État. Par exemple, l’historien kazakh J. Ibrachev dans son livre Les conceptions politiques de Charles de Gaulle (1971) caractérise le gaullisme comme «un système des points de vue politiques, économiques et sociaux dont l’apparition était prédéterminée par l’arrivée du capitalisme français à un nouveau stade, celui du capitalisme monopoliste d’Etat»[633].
Au début des années 1980, on voit paraître trois monographies consacrées aux aspects différents de l’histoire de la IVeet de la VeRépubliques[634]. Leurs auteurs étudient l’activité du RPF en rapport avec les problèmes de la vie politique sous la IVeRépublique ou en rapport avec l’évolution du gaullisme.
Comme leurs prédécesseurs des années 1960–1970, ces spécialistes de l’histoire de la France d’après-guerre évaluent le RPF comme un parti bourgeois de droite. Pourtant ils analysent d’une manière détaillée ses traits spécifiques et sa différence par rapport aux autres organisations de droite françaises en notant les aspects particuliers de son activité politique. M. Narinski, par exemple, considère le RPF comme le parti «d’une nouvelle orientation de droite (qui) se distingue des groupements de la droite traditionnelle par l’accent mis sur une vaste manœuvre sociale et économique, par sa structure précise et bien organisée, par son savoir-faire pour gagner une base sociale de masse, et organiser ses partisans»[635]. Pour lui, le RPF réunit des traits du conservatisme traditionnel de droite avec l’idée de manœuvre sociale dans l’esprit du néo-capitalisme[636]. On trouve aussi les appréciations de l’activité et du programme du RPF dans le travail de l’historien d’Irkoutsk G. Novikov Le gaullisme après de Gaulle (1984). G. Novikov utilise des documents inédits des archives de l’Institut Charles de Gaulle, la presse gaulliste et la vaste littérature de mémoires gaullistes. À la suite des chercheurs et des spécialistes français du gaullisme, J. Charlot en premier lieu, l’historien soviétique note que le RPF ouvre une nouvelle et très importante étape dans le développement du gaullisme – celle de sa transformation en un mouvement politique. Pourtant, à la différence des spécialistes de l’histoire du RPF tels que Ch. Purstchet, J. Charlot, P. Guiol qui ne voient pas dans le RPF un parti bourgeois de droite, G. Novikov le caractérise comme une force politique autoritaire «très à droite»[637]. Cette caractéristique du premier parti gaulliste coïncide avec celle que nous trouvons dans les œuvres classiques de M. Duverger et de R. Rémond[638]. Selon G. Novikov, «le mouvement gaulliste qui avait pendant la guerre un caractère bourgeois et patriotique s’est transformé, au cours du processus d’aggravation aiguë de la lutte des classes dans la France d’après-guerre, en un mouvement nationaliste de droite qui poursuivait le but d’instaurer un régime d’exécutif fort mais dans le cadre de la démocratie bourgeoise»[639]. G. Novikov affirme que la ligne politique et surtout le programme social et économique du RPF représente «l’exemple classique du comportement d’un parti d’opposition aspirant à adapter son idéologie et sa propagande aux demandes des couches moyennes et de la petite bourgeoisie qui composaient l’essentiel de sa base sociale et, en même temps, à élargir cette base aux dépens de la classe ouvrière»[640].
Un autre chercheur soviétique, V. Tchernega, tout en admettant les appréciations principales du RPF exprimées par R. Rémond, le considère comme «un parti bourgeois de type nouveau» dont l’activité a manifesté «la viabilité des traditions de la droite autoritaire dans le pays»[641]. Selon V. Tchernéga, «l’anticommunisme et l’antisoviétisme du RPF, son hostilité envers la IVeRépublique «trop à gauche», dont la Constitution a été élaborée avec la participation active des communistes, ont attiré au Rassemblement un grand nombre de partisans de droite actifs qui partagent sa vision du monde, autoritaire et spécifique»[642].
Au début des années 1990, on voit paraître de nouveaux ouvrages sur l’histoire du gaullisme sous la plume des jeunes historiens M. Arzakanian et