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Первые отклики коммунистов на учреждение РПФ, как свидетельствует коммунистическая пресса, были вполне ожидаемыми и никого не удивили во Франции. ФКП не только осуждала сам факт появления «новой мятежной лиги», «еще одной партии крупного капитала», но и защищала основы Четвертой республики, буржуазной по своей сути, но демократической, с точки зрения коммунистов, по составу правительственного кабинета и декларируемой им программе послевоенных преобразований.
В мае 1947 г. ситуация резко изменилась: ФКП перешла в оппозицию к режиму Четвертой республики, сделав его предметом своей постоянной критики. Но и сама коммунистическая партия, в свою очередь, превратилась в объект нападок со стороны правительственных группировок и РПФ, активно включившихся в антикоммунистическую и антисоветскую кампанию, которая развернулась в западном мире. И если в апреле 1947 г. только де Голля и РПФ коммунисты могли упрекнуть в «реакционных лозунгах и атаках против нашей [ФКП – Н.Н.] партии, против рабочего класса и Республики»[589], то теперь они вынуждены были защищаться от направленных в их адрес «по всему фронту» обвинений – в «тоталитаризме», «рабской зависимости от Советов» и «полной потере своего политического лица»[590].
Это ни в коей мере не ослабило борьбу ФКП против голлистской РПФ, «партии банкиров и вишистов», и против де Голля, которого Humanité продолжала называть «надеждой 200 семей»[591].
Противостояние двух влиятельных оппозиционных группировок расшатывало и без того хрупкое здание Четвертой республики, но вместе с тем позволяло правительственным партиям «по очереди» давать отпор то одной, то другой критиковавшей их организации.
Распад РПФ в середине 50-х годов был встречен коммунистами с мстительным удовольствием. Они тогда вряд ли могли предположить, что буквально через несколько лет голлистские идеи пробьют себе дорогу, а голлизм как идеология и политика будет поднят на государственный уровень.
Natalia Naoumova
Le RPF vu par L’urss[592]
Fondé par le général de Gaulle en 1947 le Rassemblement du Peuple français était une organisation politique insolite. Ses fondateurs – le général de Gaulle et ses compagnons – ne l’ont pas nommé parti, mais rassemblement, au-dessus des partis et des classes, pour l’union de la nation et «la grandeur de la France». L’objectif principal du Rassemblement a été proclamé par de Gaulle le 7 avril 1947 à Strasbourg: «Diriger les efforts de tous les Français de toutes convictions et opinions politiques sur le bien-être général et la réforme profonde de l’État»[593]. Les gaullistes voulaient supprimer la Constitution de 1946, instaurer un «pouvoir fort» de type présidentiel et réaliser des réformes économiques et sociales dans «les intérêts de tous les Français»[594]. Aussitôt institué, le Rassemblement comptait presque un million d’adhérents. Il est devenu le plus puissant et le plus nombreux rassemblement politique de la France, une force d’opposition influente, avec son mot d’ordre de lutte contre le «régime des partis» de la IVeRépublique et en même temps contre toute activité du Parti communiste français que le RPF attaquait furieusement.
La particularité des exigences et des actions politiques du RPF, le caractère autoritaire de sa direction, la personnalité charismatique de De Gaulle qui appelait à l’abolition du régime de la IVeRépublique d’un côté, et l’aggravation de la situation internationale (début de la guerre froide, scission du monde en deux blocs) de l’autre, ont laissé leur empreinte sur les appréciations du RPF dans la presse et l’historiographie soviétiques de l’époque.
Les appréciations du RPF dans la presse officielle et les jugements du parti
La toute première appréciation du RPF a vu le jour dans la presse officielle soviétique, le 17 avril 1947, dix jours après la déclaration de De Gaulle fondant le nouveau Rassemblement. C’est la Pravda, organe central du CC du PCUS[595]qui, soutenant l’opinion des communistes français parue dans l’Humanité, écrivait que le RPF était créé «afin de lutter pour la réorganisation de l’État» et que de Gaulle «se mettait à la tête des éléments réactionnaires qui, ayant déjà trahi une fois la France, cherchaient par tous les moyens à scier le peuple et par là même à supprimer la démocratie, ces tentatives faisant écho aux discours bellicistes de Truman et Churchill»[596]. La Pravda du 18 avril soulignait une fois de plus «le caractère réactionnaire du RPF organisé par de Gaulle». Un peu plus tard l’organe du PCUS déclarait d’une manière péremptoire et tout à fait arbitraire que «de Gaulle recevait un soutien important des États-Unis et des milieux influents britanniques»[597]qui «visaient à réduire la France à l’état d’une colonie des pays étrangers»[598].
La presse du Parti reprend ses invectives contre le RPF à maintes occasions: au mois d’octobre 1947 lors des élections municipales, le 17 juin 1951, jour des élections législatives, en avril-mai 1953, en commentant les élections municipales, les dernières auxquelles le RPF a pris part. Les jugements sur le RPF dont les activités se réalisaient en pleine guerre froide restaient toujours les mêmes: «Comploteurs du RPF qui visent à priver les Français de toutes leurs libertés»[599]; «parti pro-américain» et «clique de De Gaulle»[600], «soutien des forces réactionnaires, pro-fascistes»[601]. La presse soviétique accusait le RPF non seulement d’avoir l’intention de subordonner les intérêts de la France à ceux de l’impérialisme américain – ce qui était diamétralement opposé au but de De Gaulle d’assurer «la grandeur nationale de la France» – elle condamnait aussi sa soi-disant volonté «d’instaurer en France une dictature fasciste», contre laquelle le Général a lutté de façon intrépide, persévérante et conséquente durant les années de la Deuxième Guerre mondiale. Telles sont les caractéristiques les plus frappantes du RPF à l’époque: «Le parti néo-fasciste de De Gaulle qui s’est attribué le nom menteur de «Rassemblement du peuple français» met en exécution le programme et la tactique qui ne sont que los répliques françaises du programme et de la tactique du fascisme allemand et avant tout du fascisme italien»[602]. Le RPF et de Gaulle personnellement «sont soutenus par le bloc des partis réactionnaires agissant sur l’ordre de Washington pour frayer le chemin à de Gaulle, candidat au dictateur