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B. La famille des anciens Kans de Sibérie, que les Russes nommèrent Tsars, existe encore sous le titre Knäses. Pour ne pas se former une trop haute idée de ces anciens Tsars de Sibérie, il est bon d’observer, que leurs états ne comprenaient que la contrée des rivières d’Irtisch et de Tobol, vers l’embouchure de cette dernière. Six à huit cents Cosaques vinrent facilement à bout de mettre en fuite le dernier Kan Koutschoum et de s’emparer du lieu de sa résidence, qu’on appelait Sibir, mais dont à peine connaiton à présent l’emplacement. Cependant quelques uns des descendants de ce Prince, ayant été faits prisonniers, et amenés à Moscou, où ils embrassèrent la religion chrétienne, on leur donna le titre de Tsarewitsch de Sibérie, en leur accordant le rang sur toute la noblesse de Russie, ce qui a duré jusqu’en 1718, que Pierre I abolit avec les prérogatives y annexées parce que le dernier Tsarewitsch de Sibérie avait eu part à la conspiration, qui se tramait alors, ce qui le fit envoyer en exil à Arkangel.
9.
Quelle était la dignité du Vice-Czar, dont était revêtu le Knes Romodanovski et quelles étaient ses fonctions?
A. La dignité de Vice-Czar ne consistoit presque qu’en cérémonies. Pierre I paroit l’avoir créée pour qu’il y eût quelqu’un qui puisse présider à ses avancemens d’un degré militaire à l’autre. Ces avancemens se faisoient ordinairement devant le trône où le Vice-Czar étoit assis. Le Vice-Czar présidoit aussi aux inquisitions secrètes contre les trahisons et autres crimes de lèse Majesté. Mais ce n’étoit pas en qualité de Vice-Czar, parce que la même fonction a été exercée après lui par d’autres personnes sans le titre de Vice-Czar. Romodanowski la devoit à la confiance que Pierre I mettoit en sa fidélité. Il étoit juge sévère et incorruptible.
B. La dignité du Vice-Tsar n’était qu’une pure cérémonie, ou plus tôt un jeu. Pierre I parait l’avoir créée pour qu’il eut quelqu’un qui présidât à ses avancements d’un degré militaire à l’autre toutes les fois qu’il avait fait quelque nouvel exploit par terre ou par mer, voulant par là donner lui-même un exemple à ses sujets et surtout à la haute noblesse. Ces avancements se faisaient ordinairement devant le trône, sur lequel le Vice-Tsar était assis. On lisait publiquement la relation de cette affaire, on faisait semblant de délibérer là-dessus, quelquefois même on faisait naître des difficultés et à la fin le Vice-Tsar déclarait le nouveau degré, auquel il avançait Pierre I ou dans les troupes ou dans la marine. Romodanofski présidait aux inquisitions secrètes sur les ennemis d’état et sur toutes les injustices, dont les plaintes lui étaient adressées; mais cela n’avait aucune liaison avec son titre de Vice-Tsar. Il était juge aussi équitable, qu’incorruptible, et sa fidélité à toute épreuve avait gagné la confiance de Pierre I. Ce premier Vice-Tsar s’appelait Knes Fedor Jurjewitsch Romodanofski. Après sa mort, qui arriva en 1718, son fils unique, Knes Iwan Fedorowitsch Romodanofski lui succéda dans tous ses titres et employs, mais son mérite personnel n’approchait pas celui de son père. Dans ce dernier la race masculine de cette famille s’est entièrement éteinte.
10.
S’il est vrai que l’Impératrice Catherine, étant rebaptisée dans le rite de l’Eglise Grecque, fut obligée de dire: «je crache sur mon Père et sur ma Mère qui m’ont élevée dans une religion fausse»?
11.
Si ces mots étaient en effet en usage?[433]
A. Des minuties, comme celle-ci, ne devroient pas entrer dans l’histoire de Pierre le Grand. La cérémonie dont Mr. de Voltaire parle, est décrite dans les livres qui traitent des rits de l’Eglise Grecque et Russienne. On n’y voit rien de ces exécrations.
B. On ne rebaptise pas les personnes, qui d’une autre religion chrétienne passent à la religion grecque. Cette cérémonie ne se pratique qu’avec les Juifs, Mahometans et idolâtres; aux Chrétiens on ne donne que l’onction. Il est vrai qu’ils crachent, mais ce n’est pas sur leur père et mère; c’est seulement pour marquer qu’ils reconnaissent comme fausses les opinions, dans lesquelles ils ont été élevés. Toutes ces cérémonies sont décrites dans les livres qui traitent des rits de l’Eglise Grecque et Russienne, et n’appartiennent guère à l’histoire.
12.
Si Pierre le Grand a prononcé en effet le discours qu’on lui attribue: «Mes amis, qui auroit jamais cru que nous aurions un jour des flottes triomphantes!», il faudrait que ce discours soit bien traduit.
A. On n’a pas raison d’en douter, parce que la chose est rapportée par un auteur qui y a été présent. C’est Mr. Weber, résident d’Hanovre, dont les mémoires sont traduits en français.
B. Il n’y a pas la moindre raison d’en douter. Pierre I ne parlait pas moins éloquemment, qu’il écrivait avec justice et énergie. Mr. Weber, qui avec plusieurs autres ministres étrangers fut présent, lorsque Pierre I prononça ce discours, en a donné une traduction dans ses mémoires imprimés.
13.
S’il est vrai que l’Impératrice Catherine envoya une somme considérable au Grand Visir et fit la paix du Pruth?
A. Il y a beaucoup d’apparence que cela soit vrai, puisqu’il n’y avoit d’autres moyens pour sortir de la mauvaise situation, où on étoit.
B. Pierre I voyant, qu’il était environné de tous côtés par ses ennemis, et qu’il n’y avait pas moyen de sortir du mauvais pas, dans lequel il se trouvait, avait fermement résolu de vaincre, ou de mourir. Dans cette funeste crise, l’Impératrice Catherine