chitay-knigi.com » Классика » Цветы зла - Шарль Бодлер

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Sur ta chair le parfum rôde

Comme autour d'un encensoir;

Tu charmes comme le soir,

Nymphe ténébreuse et chaude.

Ah! Les philtres les plus forts

Ne valent pas ta paresse,

Et tu connais la caresse

Qui fait revivre les morts!

Tes hanches sont amoureuses

De ton dos et de tes seins,

Et tu ravis les coussins

Par tes poses langoureuses.

Quelquefois, pour apaiser

Ta rage mystérieuse,

Tu prodigues, sérieuse,

La morsure et le baiser;

Tu me déchires, ma brune,

Avec un rire moqueur,

Et puis tu mets sur mon cœur

Ton œil doux comme la lune.

Sous tes souliers de satin,

Sous tes charmants pieds de soie,

Moi, je mets ma grande joie,

Mon génie et mon destin,

Mon âme par toi guérie,

Par toi, lumière et couleur!

Explosion de chaleur

Dans ma noire Sibérie!

LIX SISINA

Imaginez Diane en galant équipage,

Parcourant les forêts ou battant les halliers,

Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage,

Superbe et défiant les meilleurs cavaliers!

Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage,

Excitant à l'assaut un peuple sans souliers,

La joue et œil en feu, jouant son personnage,

Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers?

Telle la Sisina! Mais la douce guerrière

À l'âme charitable autant que meurtrière;

Son courage, affolé de poudre et de tambours,

Devant les suppliants sait mettre bas les armes,

Et son cœur, ravagé par la flamme, a toujours,

Pour qui s'en montre digne, un réservoir de larmes.

LX FRANCISCÆ MEÆ LAUDES

Novis te cantabo chordis,

O novelletum quod ludis

In solitudine cordis.

Esto sertis implicata,

O femina delicata

Per quam solvuntur peccata!

Sicut beneficum Lethe,

Hauriam oscula de te,

Quae imbuta es magnete.

Quum vitiorum tempestas

Turbabat omnes semitas,

Apparuisti, Deitas,

Velut stella salutaris

In naufragiis amaris…

Suspendam cor tuis aris!

Piscina plena virtutis,

Fons aeternae juventutis,

Labris vocem redde mutis!

Quod erat spurcum, cremasti;

Quod rudius, exaequasti;

Quod debile, confirmasti.

In fame mea taberna,

In nocte mea lucerna,

Recte me semper guberna.

Adde nunc vires viribus,

Dulce balneum suavibus

Unguentatum odoribus!

Meos circa lumbos mica,

O castitatis lorica,

Aqua tincta seraphica;

Patera gemmis corusca,

Panis salsus, mollis esca,

Divinum vinum, Francisca!

LXI À UNE DAME CRÉOLE

Au pays parfumé que le soleil caresse,

J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés

Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,

Une dame créole aux charmes ignorés.

Son teint est pâle et chaud; la brune enchanteresse

A dans le cou des airs noblement maniérés;

Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,

Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,

Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,

Belle digne d'orner les antiques manoirs,

Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites,

Germer mille sonnets dans le cœur des poètes,

Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos Noirs.

LXII MŒSTA ET ERRABUNDA

Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe,

Loin du noir océan de l'immonde cité,

Vers un autre océan où la splendeur éclate,

Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité?

Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe?

La mer, la vaste mer, console nos labeurs!

Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse

Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs,

De cette fonction sublime de berceuse?

La mer, la vaste mer, console nos labeurs!

Emporte-moi, wagon! Enlève-moi, frégate!

Loin! Loin! Ici la boue est faite de nos pleurs!

— Est-il vrai que parfois le triste cœur d'Agathe

Dise: Loin des remords, des crimes, des douleurs,

Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate?

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,

Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie,

Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé,

Où dans la volupté pure le cœur se noie!

Comme vous êtes loin, paradis parfumé!

Mais le vert paradis des amours enfantines,

Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,

Les violons vibrant derrière les collines,

Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,

— Mais le vert paradis des amours enfantines,

L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,

Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine?

Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,

Et l'animer encor d'une voix argentine,

L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs?

LXIII LE REVENANT

Comme les anges à l'œil fauve,

Je reviendrai dans ton alcôve

Et vers toi glisserai sans bruit

Avec les ombres de la nuit;

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